Voilà quelques semaines que je me trouvais en Italie. J'avais décidé pour la fin de ma grossesse de venir en Italie, je souhaitais que notre fille naisse à Milan, là où vivait ma grand-mère depuis toujours. C'était en quelque sorte un hommage que je rendais à ma mère décédé il y a de cela quelques années. Cela me rendait triste de ne pas avoir ma mère prêt de moi car j'aurais tellement aimé qu'elle voit ça de ces propres yeux. Heureusement, Nonna était toujours là elle et en pleine forme en plus. J'en oubliais parfois qu'elle allait avoir 70ans. Elle avait tellement de peps qu'elle paraissait bien plus jeune jeune. Je n'avais aucunement prévenu Tiago de mon départ en Italie, hormis par l'intermédiaire de facebook. Me retrouver seule à la maison me pesait de plus en plus alors que lui se trouvait en voyage d'affaire. Jamais je n'aurais eu le culots de lui demander de faire un choix, car moi-même si on me le faisait, je n’apprécierais pas. Tiago avait plusieurs cordes à son arc. Il n'était pas seulement mannequin, il faisait aussi de la danse et Dieu sait combien il était aussi doué dans ce domaine. Mais il avait voulu élargir ces horizons en prenant la voie du mannequinat. Je respectais son choix à deux mille pour cents même si j'adorerai dansé avec lui. Bref, mon ventre était devenu si imposant que je ne voyais même plus mes pieds. J'avais presque pris 10kg depuis le début de ma grossesse, mais j'étais épanouie et en bonne santé. Mon petit ange grandissait doucement et atteignait une taille tout à fait respectable. Assise sur le canapé, Nina avait du me quitté deux jours plutôt pour des raisons professionnelles. Elle me promit toutefois de revenir au plus vite. Elle ne voulait pas rater l'accouchement et semblait encore plus excitée que moi à l'idée de voir ma petite Lyna. Elle me faisait rire ma meilleure amie, et heureusement qu'elle avait été présente durant ces quelques semaines en Italie avec moi, sinon mon moral aurait été au plus bas. Je voyais Nonna faire les cents pas devant moi.

« ▬ Nonna che cosa fai ? » Elle adorait quand je lui parlais italien, elle avait l'impression d'avoir réussi quelque chose avec moi, car Léa la faisait souvent tourner en bourrique en lui répondant en français. Pourtant, elle comprenait parfaitement ce que lui disait Nonna mais elle aimait beaucoup l'embêter avec ça. Sentant ma princesse bougear dans mon ventre, je posais ma main et senti ces petits poings quelques minutes après, elle eut le hocket ce qui eut le don de me faire beaucoup rire. Nonna me regarda fixement, et me dit d'aller ouvrir la porte. Je ne comprenais pas bien pourquoi elle me disait ça étant donner que la porte n'avait même pas sonné. Pour lui faire plaisir, je me levais, certes avec difficulté puisque j'étais naturellement attiré par le sol avec mon poids, mais je m'y collais. Ouvrant la porte sans grande conviction, je tombais nez à nez avec Tiago bouquet de fleur à la main et plutôt bien habillé pour l'occasion. Je me retournai vers Nonna avant de reposer mes yeux sur l'homme de ma vie. « ▬ Coucou ! » Lui dis-je en me poussant de la porte. Je ne savais pas bien comment réagir après tout ce que l'on avait vécu, mais je le laissais entrer afin qu'il puisse enfin m'expliquer. Pourtant, le voir au pied de la porte, en Italie, me fit un pincement au coeur. Il n'y avait donc pas que le boulot qui comptait pour lui... J'étais consciente que Tiago ne souhaitait qu'une chose, que l'on soit Lyna et moi à l'abri du besoin, mais notre relation devait-elle pour autant en pâtir ?

Sur un coup de tête, ou plutôt, après mûre réfléxions, j'avais tout abandonné. J'avais fermé la porte du mannequinat pour retrouver ma femme et ma fille avant qu'elles ne m'échappent. Pour moi, la situation s'avèrait plus que critique. Certes, je leurs assurais de ne manquer de rien en alternant ma carrière dans le mannequinat et celle sur les podiums de danse, mais devais-je aller jusqu'à là, jusqu'à la voir partir, jusqu'à la faire souffrir de mon absence ? Je ne supportais plus cette situation, rapidement devenue invivable pour l'un, comme pour l'autre. En quelques jours à peine, mes affaires au fond d'un sac de voyage, j'avais acheté mon tiquet et avait quitté l'Espagne. Une seule direction en tête, un seul objectif. Retrouver ma femme et l'enfant qu'elle porte, faire renaître l'amour dans son coeur et les étincelles dans ses yeux. Mon coeur battant à tout rompre, j'attendais devant la porte, impatient que l'on vienne m'ouvrir. Allais-je tombée sur la grand-mère de Louna, ou sur Louna ? Mon coeur me torturait et je n'avais plus qu'une envie, m'enfuir, m'effondrer, pleurer, crier, partir. Elle me manquait à un point que je ne parvenais plus à le décrire, me réveillant sans cesse dans ce lit déserté de sa silhouette. Son parfum, sa peau, son regard, son sourire, son ventre. Tout me manquait et depuis son départ, je ne vivais plus, je survivais simplement. Du rire aux larmes. J'attendais, mon pied battant le sol jusqu'à ce que la porte s'ouvre, découvrant ma femme derrière celle-ci, le ventre encore plus gros que lorsqu'elle m'avait laissé « ▬ Coucou ! »me dit-elle en se poussant de la porte, laissant un espace conséquent pour me faire entrer. Une vague d'émotions me submergea et sans trop que je n'ai le temps de réaliser, les larmes roulèrent sur mes joues. Larmes de joies, larmes de peur, je m'avançais vers elle en lui tendant le bouquet de fleurs « Salut Louna .. » murmurais-je difficilement. En la voyant ainsi, de nouveau prêt de moi, je ne savais plus quoi faire, ni encore moins quoi dire. Devais-je lui avouer ma démission dans le mannequinat ? Finalement, et après une profonde inspiration, je laissais tomber mon sac sur le sol et m'approchais d'avantage, posant ma main sur son ventre rond avec précaution. « Tu.. vous allez bien ? » bredouillais-je difficilement, la voix tremblante, coupée. Sa grand mère, en retrait, me faisait un large sourire, apparemment ravie de me revoir enfin.

Je ne savais comment réagir. Nonna était-elle dans le coup ? Savait-elle pertinemment qu'il venait ici ? Bref tant de questions qui restaient visiblement sans réponse. Mais il était certain qu'elle avait avoir là de dans. Je mettais écarter de devant la porte pour le laisser passer. Voilà quelques semaines déjà que l'on ne s'était pas vu... Le temps passait si vite, que parfois, j'en perdais sa notion. Pourtant, mon ventre me montrait très bien où nous en étions réellement. J'étais bientôt à terme et Lyna pesait de plus en plus lourd pour mon petit corps fragile. Tiago me faisait totalement fondre et ce depuis notre première rencontre. L'amour que je lui portais été indescriptible. Il était bien plus qu'une simple dose d’héroïne. C'est grâce à lui si aujourd'hui, j'étais sur le point d'être maman. Et même si les choses n'avaient pas été simple entre lui et moi, je l'aimais de tout mon être. Le sac de mon fiancé se posa lourdement au sol. J'avais l'impression qu'il venait vivre avec moi en Italie tellement son sac semblait lourd. Il s'approcha doucement de moi et posa sa main contre mon ventre bien dessiné. Il me fit littéralement craquer. En sentant sa main contre mon ventre, mon sang ne fit qu'un tour et mon coeur s'emballa, comme si nous allions nous embrasser pour la première fois. J'adorais cette sensation que lui seul réussissait à me procurer. Nonna était en rentrée et je la sentais derrière moi qui ne ratait pas une miette de ce qu'il se passait. Après de longue minutes, je pris une inspiration pour répondre à Tiago. « ▬ Nous allons bien » Murmurais-je avant de reprendre doucement et d'une voix toute tremblotante « ▬ Tu nous as manqué » Dis-je avant de venir de moi-même me poser dans le creux de ces bras. Trop petite pour atteindre son visage, je lui déposais un tendre baiser dans le creux de son cou, où j'y déposai par la même occasion ma petite tête. « ▬ Tu m'as tellement manqué » Soufflais-je d'une voix cassé par la douleur que j'avais dans le fond de ma gorge.

Me voilà enfin, face à la porte de bois. Après de longues d'hésitation, je toquais, la porte s'ouvrant lentement jusqu'à me faire découvrir ma femme, surprise de ma visite. Derrière elle, Nonna, un large sourire aux lèvres. Et pourtant, bien que cette dernière n'ait été dans la confidence, je remarquais son sourire, visiblement heureuse, elle aussi, de me retrouver. Mon sac tombant sur le sol, je m'étais rapproché de Louna, caressant son ventre du bout des doigts, me renseignant sur son état pour finalement l'enlaçer, embrasser son front, ses tempes. « ▬ Nous allons bien » me confia t-elle après avoir prit une profonde inspiration. Rassuré, j'hochais la tête et perdais mon regard sur son visage, le détaillant. « ▬ Tu nous as manqué » murmura t-elle d'abord, sa voix tremblant sous l'émotion « ▬ Tu m'as tellement manqué » reprit-elle ensuite, se nichant dans le creux de mes bras. L'entourant aussitôt, j'appuyais ma tête contre la sienne, fermant les yeux. Plus heureux que jamais, j'affichais un sourire rayonnant, mon coeur battant un rythme effréné. Elle embrassa ensuite mon cou, baladant ses lèvres sur ma peau chaude avant que son visage ne se niche dans ma nuque. « Vous m'avez manqué, tu m'as manqué Louna » avouais-je, l'entourant alors que mes mains caressaient son dos frénétiquement. Amoureux, heureux. Plus rien ne semblait en mesure de décrire la situation et encore moins l'état de joie dans lequel je me trouvais. « Je .. je suis désolé pour tout, tout ce mal causé, toutes mes absences. Louna, ma femme, je ne veux pas te perdre et en aucun cas, mon métier passera devant toi. Tu es la femme de ma vie, la mère de ma fille, et si je suis ici, c'est pour te retrouver » soufflais-je, soutenant mon regard dans celui de ma fiancée. La serrant contre moi, je m’enivrais de son parfum, affichant un large sourire tout en gardant une main sur son ventre gonflé. « Lyna, elle va bien ? Elle est sage ? Dis moi, dis moi tout bébé, tu .. vas bien ? » demandais-je, presque paniqué, surexcité. Conscient d'avoir manqué une partie de la grossesse de Louna et aussi, de l'avoir fait souffrir, j'avais espérer, en quittant mon emploi et aussi en la rejoignant ici, qu'elle comprendrais que désormais, mon couple, ma famille, deviendraient mes priorités, quoiqu'il en coûte.